Voix Commune !
5 SEPTEMBRE 2024
Voix Commune ! est une nouvelle force politique née dans la Métropole de Lyon
En ce mois de septembre 2024, nous rendons public la création de Voix Commune !
LE 5 SEPTEMBRE 2024
PAR RENAUD PAYRE
Chères et chers amis,
Chers toutes et tous,
Nous voilà réunis ce soir pour la fondation d’une nouvelle force politique : Voix Commune !
Elle ne nait pas n’importe où.
Elle nait, ici, dans la métropole de Lyon et puise dans ce territoire sa dynamique. Elle porte un projet de transformation sociale.
Un projet de gauche, qui fait du progrès social pour toutes et tous la priorité à l’heure où nos sociétés se transforment et s’engagent dans une transition sans précédent.
Elle veut aussi contribuer à un modèle de vie commune, de… République heureuse.
Voix Commune ! est composée d’ores et déjà de femmes et d’hommes venus d’horizons divers qui dans leur vie de tous les jours sont convaincus que chacun et chacune est porteuse ou porteur de solutions et que pour les faire entendre fortement, respectueusement, durablement il faut une Voix commune.
Chers amis, chers toutes et tous, d’où venons-nous ?
C’est ici à Lyon, dans cette métropole que nous créons, ensemble, Voix Commune !
Ici ce n’est pas tout à fait ailleurs.
Du Moyen Âge à nos jours, Lyon est une ville marchande qui a toujours été grande quand elle a su allier l’économique et le social. Quand elle a su que l’innovation venait / de chacun et chacune/ de ceux qui possèdent /et de ceux qui n’ont rien, des entrepreneurs et entrepreneuses mais aussi des travailleurs et des travailleuses.
Ce développement économique qui a pris des formes multiples à travers les siècles est une force. Ici est né le mouvement coopératif qui a permis une consommation ouverte au plus grand nombre. Ici s’est développée la presse pour les ouvriers et les employés. Ici sont nés des services publics en matière de logement, d’alimentation, d’hygiène. Mais surtout, surtout cette métropole a su être un acteur collectif dès lors que des formes de dialogue entre les salariés, les employeurs et les pouvoirs publics se sont constituées et ont irrigué l’action publique.
Le mot est lâché : dialogue. Ce dialogue doit gagner en force aujourd’hui. Nous devons lui redonner sa place dans toute notre action publique. Voix Commune ! en fait une de ses causes principales.
Notre histoire est aussi celle d’une métropole industrielle faite de classes sociales distinctes et parfois opposées. Ces classes ont marqué notre territoire par les quartiers qui le composent. Lyon est une ville de quartiers.
Lyon est devenue métropole par ses quartiers populaires. Dans ces quartiers populaires de nouvelles formes d’action politique- je pense évidemment à la marche de 1983 - , de nouvelles entreprises, de nouveaux talents, des créateurs et créatrices ont vu le jour. Alors oui à Vénissieux /Givors / La Mulatière/ Bron /Oullins-Pierre Bénite, Voix Commune ! se développera grâce à des citoyennes et à des citoyens déjà engagés avec nous ou qui vont nous rejoindre.
Remontons plus loin dans le temps : notre ville s’est constituée depuis des siècles autour du croisement des routes. Elle est un territoire de rencontre entre des mondes divers. Au fil des siècles elle est devenue cosmopolite. Les routes marchandes ont permis à des femmes et des hommes d’apporter un bout de leur culture, de leur langue, de leurs valeurs.
Et Lyon s’est transformée en Myrelingues, la ville des milles langues. Ne l’oublions jamais. Nous venons de là. Ici les églises, les associations, les citoyens et citoyennes ont porté chacun à leur manière une culture de l’hospitalité pendant des décennies.
Ici nous savons que la faiblesse n’est pas du côté de celui ou celle que nous accueillons mais bien du côté de celle ou celui qui n’accueille pas. Ici, nous savons que nous devons tant aux collectifs, aux associations qui ont poussé les pouvoirs publics à agir. Pourtant ici il y a encore trop de personnes venues d’ailleurs mal accueillies, délaissées.
Demain nous devons encore aller plus loin en faisant, au niveau européen, au niveau national mais aussi au niveau local, de la lutte contre le mal logement une priorité. Nous devons aller plus loin en plaidant avec les acteurs économiques pour la régularisation par l’activité et l’emploi et en l’obtenant.
La politique doit être menée en connaissant l’histoire, en conscience de ce que nous devons à toutes celles et tous ceux qui nous ont précédés. Il faut aussi prendre pleinement conscience des défis du temps présent.
Je pense aux jeunes, aux familles, aux personnes vieillissantes seules des quartiers des Vernes à Givors, de Pasteur à Grigny, de Léo Lagrange à Vénissieux, de Parilly à Bron, des Noirettes à Vaulx ou encore des Alagniers à Rillieux.
Je pense à la difficulté à réussir à l’école quand celle-ci n’est plus le lieu de la rencontre entre milieux sociaux, au collège fermé sur lui-même que les familles voient comme une citadelle où elles n’osent entrer. Je pense à la difficulté de trouver un emploi quand le taux de chômage dépasse les 50 % ou quand l’activité économique n’existe plus dans le quartier. Je pense au besoin toujours retardé d’aller voir le médecin parce que tout simplement il n’y en a plus. Je pense aux lieux de moins en moins nombreux où on se rencontre. Je pense au gâchis de ces vies brisées, de ces talents non révélés.
Nous avons engagé ici au cours des dernières années des actions fortes. Sans aucun doute, nous devons aller plus loin, faire de nos quartiers populaires des quartiers de vie. La politique des services publics et des services de proximité doit y être profondément développée et renforcée. Les transports vers les quartiers populaires ont progressé, mais ce n’est pas suffisant. La responsabilité de la région est forte. Sa défaillance n’a que trop durer. Notre détermination doit donc être pleine et entière pour développer un réseau express métropolitain tant pour l’ouest, que pour l’est et le sud de notre métropole. Le plateau nord ne pourra pas être délaissé et une ligne forte comme un tram express doit être développée. Le groupe transport de Voix Commune ! en fait une de ses premières propositions.
Nous devons faire de l’éducation populaire le ciment de notre modèle. C’est ici que sous l’impulsion d’André Philip est née la République des Jeunes il y a 80 ans. Celle là même qui a fait naitre les MJC. MJC et Centres Sociaux doivent être consolidés si nous voulons des lieux de mélanges, de mixité, avec des loisirs, des activités d’éveil voire des activités périscolaires au collège.
Plus globalement, nous devons renforcer une culture et une méthode du dialogue avec les associations, les syndicats, les employeurs. Un véritable paritarisme métropolitain est nécessaire en matière de progrès social, d’innovation, de politiques tant du logement, des transports que de l’urbanisme. Et nous pouvons innover en la matière pour permettre une démocratie sociale, une démocratie continue.
C’est pour que ce nouveau modèle lyonnais voit enfin le jour que nous créons Voix commune ! ici à Lyon ce 5 septembre 2024.
Dans cette métropole du XXIème siècle qui a toujours eu et continuera d’avoir un destin national. Dans cette métropole qui a de très nombreuses ressources – naturelles, agricoles, urbaines – nous permettant de faire face aux grands défis Pour des raisons sociales, écologiques et économiques, la métropole des années 2020 et 2030 ne peut ignorer les quartiers populaires ni les villes ou bourgs de son aire urbaine qu’ils se nomment Tarare, Bourgoin, Villefontaine, Saint Vallier, Annonay. Ils sont liés à l’activité de la métropole. En proposant à leurs habitants et habitantes des solutions pour que leur travail et les services dont ils ont besoin soient au plus proche de leur domicile, nous pourrons limiter les allers-retours et améliorer la qualité de vie de toutes et tous.
C’est cette vision alliant écologie et solidarité que nous voulons porter pour notre territoire. La métropole de Lyon est née de la compétition. Inventons ici et ensemble la métropole de la coopération. Ainsi notre métropole se distinguera dans notre pays
Voix Commune ! consciente de ses racines n’a pas vocation à se limiter à notre territoire, à ne proposer des mesures que pour Lyon et sa métropole.
Chers amis, chers toutes et tous, quel projet portons-nous ?
Aujourd’hui, nous sommes confrontés à un défi inédit dans l’histoire de l’humanité : la raréfaction des ressources et le dérèglement climatique, leurs conséquences désastreuses sur la santé, le travail, les richesses.
Aujourd’hui l’heure n’est plus au débat. Ces questions sont des questions du quotidien.
Je pense à ce que nous disent les femmes et les hommes qui subissent plus que d’autres les inégalités de revenus, les inégalités de territoires, les inégalités pour s’en sortir.
Que nous disent-ils ?
Ils nous disent que les loyers sont trop chers, qu’ils et elles ont été contraints et contraintes de s’éloigner pour trouver un logement à un coût acceptable.
Et que de ce fait ils et elles se déplacent en voiture surtout quand ils et bien souvent elles travaillent à des horaires décalés, la nuit, au tout petit matin.
Ils disent que l’essence est trop chère. Ils disent qu’ils aimeraient prendre des transports en commun mais que là où ils habitent il n’y en a pas ou pas assez. Ils disent que leur logement est une passoire l’hiver, qu’ils doivent alors choisir entre finir le mois ou se chauffer.
Ils disent qu’ils en ont assez d’être oubliés, relégués, déclassés, voire même parfois méprisés. Assez des fins de mois difficiles.
Assez de l’échec scolaire de leurs enfants. Assez de leur pouvoir d’achat qui ne s’améliore pas. Assez d’être tout le temps loin de tout et en particulier des décisions et du pouvoir.
La réponse ne pourra être l’injonction péremptoire. L’injonction à changer sa voiture, à prendre un vélo, à ne plus aller au supermarché. L’injonction à changer de consommation, à ne plus manger comme avant, à se vêtir autrement, à prendre un pull l’hiver plutôt que de se chauffer. Les injonctions révèlent souvent une violence sociale. L’appel à l’ascétisme, surtout quand soi-même on ne manque de rien, ne peut fonctionner.
Et pourtant il est impératif que nous nous engagions ensemble dans une transition qui n’a pas eu d’égal dans notre histoire.
Le projet que nous portons à Voix Commune ! et que nous ne cesserons de défendre part de là.
Il n’est pas de question pour nous de transition sans d’importantes et fortes réponses sociales.
Alors oui plusieurs solutions existent mais il ne faut pas s’y tromper, il y a bien un clivage gauche / droite en la matière. Nous avons appris à nous méfier de ceux qui ont prôné sa disparition pour mieux faire revivre les vieilles ficelles et les vieilles rengaines. Il faut le dire, il y a un clivage et c’est parfaitement sain en démocratie car il apporte de la clarté et des repères.
Il y a bien un clivage gauche / droite face aux enjeux de notre société contemporaine que sont l’impossibilité de nombreuses familles à vivre dignement de leur travail, à se loger, à se déplacer, à se cultiver et pour tout dire à s’épanouir.
Les libéraux nous parleront de « boucliers » pour protéger très provisoirement celles et ceux qui n’y arrivent plus, avant de laisser croire que le marché va de nouveau s’auto-réguler. Cette voie a échoué, nous le constatons tous les jours. Nous devons l’expliquer, le montrer, car face à elle, il existe une autre politique structurelle, une politique durable et inédite de redistribution qui propose une nouvelle cohésion sociale. Les chantiers sont nombreux : redonner du pouvoir d’habiter, assurer les principes d’égalité entre les quartiers de nos villes comme entre les communes, développer une politique de mobilité, garantir des revenus du travail décents.
Voix commune ! veut proposer et agir pour que le progrès social sorte enrichi et renforcé de cette transition. Il nous manque aujourd’hui un cadre de réflexion, de pensée pour agir de manière cohérente et concertée. Peut-être faut-il revenir aux fondamentaux. Pensons à l’œuvre d’un Karl Polanyi qui il y a un siècle exactement, publie ses premiers travaux à Vienne et dit que le libéralisme du dix-neuvième siècle est mort.
Il nous dit : nous devons par l’intervention, la régulation des pouvoirs publics, par les politiques publiques cesser de considérer le marché comme naturel et autonome.
Il nous dit que la société de marché a déformé notre conception de nos besoins, de leur satisfaction, de nos manières de vivre ensemble. Polanyi œuvre à une pensée qualifiée alors de sociale démocrate. Un très beau projet.
Bien sûr les mots ont perdu de leur saveur et de leur force quand cette même sociale démocratie s’est perdue en reniement, compromission voire trahison face au marché. Aujourd’hui les mots manquent ou ne conviennent pas pour penser cette nécessaire régulation d’un marché débridé et rappeler qu’un certain nombre de besoins fondamentaux doivent être considérés comme des communs donc non marchands.
Eco socialisme, social écologie, laissons de côté ces mots pour mieux dire notre besoin de nous armer idéologiquement, intellectuellement, politiquement pour faire face unis à un défi de la même ampleur que celui connu face à l’industrialisation il y a près de deux siècles. Elle avait alors transformé les modes de vie et produit une paupérisation profonde contre laquelle il avait fallu inventer une nouvelle vision. Elle avait éloigné des femmes et des hommes des villages où ils étaient nés. Mais aussi, grâce à des hommes et des femmes engagés, permis une pensée et un progrès social.
Des décennies ont été nécessaires pour cesser de voir la vieillesse, la maladie, les accidents du travail, la perte d’emploi comme des aléas de la vie que la seule responsabilité individuelle devait assumer. Ce sont devenus des risques supportés par la collectivité, par les employeurs et les salariés.
Et bien, nous en sommes là aujourd’hui face à la transition écologique.
Nous ne pouvons tolérer que l’adaptation au dérèglement climatique ne soit liée qu’aux revenus, qu’à l’injustice de la naissance ou du patrimoine. Le dérèglement climatique ne peut plus être vu comme un mirage venu de l’extérieur et s’abattant sur nous. Les humains en sont la cause et la responsabilité est collective. Il doit être envisagé comme un risque. La sécurité sociale et environnementale se doit donc d’être au cœur d’un nouveau pacte social.
Nous l’avons dit ce nouveau pacte social ne peut être porté que collectivement. L’avenir de notre démocratie se joue maintenant dans notre capacité à recréer du dialogue, à dépasser la fragmentation des idées et des ambitions pour retisser un lien fort vers un horizon commun. Seul capable de créer une véritable union.
Nous savons bien que l’union est belle. Mieux elle est la condition nécessaire d’une gauche au pouvoir capable d’impulser une véritable transformation sociale comme elle l’a fait en 1936, à la Libération, en 1981 ou encore en 1997.
Nous serons intransigeants en matière de valeurs, d’engagements pour l’amélioration du quotidien des Françaises et des Français tout en portant une parole respectueuse et nourrie du dialogue. La seule manière de consolider cette confiance et cette union, c’est de construire ce projet mobilisateur qui est à portée de main. La preuve : nous agissons déjà ensemble dans des collectivités. De grandes villes françaises ont engagé des programmes volontaristes mêlant revenu solidarité jeunes, encadrement des loyers, régies publiques de l’eau, politiques d’hospitalité ou lutte contre la précarité énergétique.
Et ce ne serait pas possible au niveau national ? Position incompréhensible. Le défi auquel nous sommes confrontés est celui d’une transition qui, si nous n’agissons pas, laissera les classes populaires et moyennes sur le bord du chemin.
À Voix Commune ! nous rassemblons déjà celles et ceux qui viennent de l’union – que l’on songe à l’initiative Madame Z et la liste de la gauche unie - mais aussi celles et ceux qui veulent participer à la construction de cette union sur la base du renouveau de l’engagement démocratique. Cette Union nous la voulons mais nous la voulons exigeante et respectueuse. Nous ne voulons plus de l’irrespect, du discrédit permanent, d’une forme d’esthétisme de la radicalité qui plombent la capacité à résoudre collectivement les désaccords. Nous ne voulons plus être détournés de l’action par le folklore et la controverse continue, source de défiance et de ressentiment.
Nous voulons plutôt tout faire pour que la parole politique reprenne sa force et inspire confiance, sans être le monopole de quelques-uns et quelques-unes mais l’affaire de toutes et tous, quitte à permettre aux unes et autres de contrôler l’action politique par de nouveaux moyens autrement plus vastes que le seul suffrage électif.
Voix Commune ! fédère des femmes et des hommes qui ne se ressemblent pas, nous savons que le changement vient d’engagements multiples. A travers les trajectoires de Cécile, de Bruno, de Pierre, de Marie-France et bien d’autres, je pourrais dire que c’est une démocratie sociale que nous voulons raviver à travers le dialogue et l’engagement dans les associations, les régies de quartiers, les centres sociaux, les entreprises. Nous voulons dire que tout ne viendra pas d’en haut comme cela a été trop souvent le cas dans notre pays. Redonner aux territoires, aux corps intermédiaires une capacité d’action et de mobilisation est un levier essentiel d’un nouveau pacte social. Un tel pacte ne peut être porté que collectivement par une coalition de groupes politiques et de mouvements associatifs.
C’est pour ce pacte en mobilisant des femmes et des hommes qui ne s’étaient jamais engagés dans un parti politique jusqu’alors, en mobilisant celles et ceux qui bien souvent par leur action du quotidien font tenir la société, que nous avons créé et voulu Voix Commune !
Chers amis, chers toutes et tous, quelle société voulons-nous ?
Voix Commune ! porte en sous-titre trois mots : à solidarité et écologie s’ajoute citoyenneté.
Tout ce que nous venons de dire ne sera possible que si nous proposons à nos concitoyens et concitoyennes un espoir, un cap dont ils seront autant les bénéficiaires que les garants.
Celui d’une République qui fédère autour de sentiments positifs, d’un véritable élan vers le bonheur collectif. Celui d’une République heureuse.
Les Françaises et les Français sont aujourd’hui plus divisés que jamais dans un contexte où les inégalités atteignent dans notre pays un niveau rare et ne cessent de s’accroitre depuis les années 1980.
Vous trouverez toujours des démagogues qui voilent ces inégalités, cette paupérisation des classes populaires, cet appauvrissement des classes moyennes en les diluant dans des oppositions culturelles, en rejetant l’autre ou encore en s’inventant des ennemis. La fragmentation est la réponse facile et odieuse à l’absence d’action contre les inégalités. Car ce qui a été le ciment d’une confiance dans les institutions est l’action publique et seulement elle. Tout le reste n’est que chimère. Une colère s’exprime dorénavant face à l’absence ou au délitement de ces politiques tant attendues. Nous avons notre part de responsabilité. Car il faut choisir.
Il faut choisir son camp : soit amplifier la fragmentation en misant sur le réveil des réactionnaires soit la stopper net. La stopper doit être le socle commun du renouveau social et écologique.
Les discours seront importants mais ils ne suffiront pas. Nous devons nous engager à faire renaître et cultiver l’idée de République en chacun de nos concitoyens et concitoyennes. Cette chose commune, cette part en nous qui nous lie, qui nous dépasse, et sans laquelle nous finirons immanquablement par dépérir. Depuis des décennies, des siècles, les Républicains, les Radicaux, les Socialistes, les Communistes et aujourd’hui les écologistes le savent : il ne peut y avoir de République sans égalité. L’égalité par-dessus tout. Pourquoi avons-nous eu aussi peur de certains mots à mesure que les programmes se diluent en promesses ?
Oui nous voulons l’égalité entre des femmes et des hommes de classes sociales différentes. Cela suppose des mesures ambitieuses en matière de revenus, de transports, de santé, d’alimentation. Et donc de services publics.
Oui nous voulons l’égalité entre femmes et hommes. Je pense par exemple à ce que nous devons faire en faveur des familles monoparentales composées majoritairement d’une mère et de ses enfants.
L’égalité est aussi l’égalité des territoires en matière de transports, de services qui vont du simple commerce à l’éducation nationale et aux hôpitaux.
Tous les services sont concernés. Et bien sûr celui de la sécurité. Sans aucun doute, le maintien de l’ordre est la garantie de l’exercice des libertés et de la cohésion de la société. A ce titre, il convient de tout mettre en œuvre pour l’assurer et notamment une revalorisation des métiers de celles et ceux qui assurent l’ordre. La sécurité n’est pas qu’un mot.
Elle a besoin d’un engagement et d’un investissement qui ont tant manqué jusqu’alors. Elle implique un accompagnement tout au long de la vie. C’est la présence humaine à renforcer dans nos quartiers en particulier par la création de nouveaux postes de médiateurs et d’agents de prévention. C’est éviter le « décrochage » des jeunes vers les activités illicites qui minent une partie de nos quartiers. Mais qui pourrait croire que cela seul transformera durablement notre société ? Les incivilités et les violences sont des alertes sur la perte de repères, de perspectives, sur l’absence d’issues pour une partie grandissante de la population. Ils et elles ne pensent pas que nos institutions et notre République les protègent, les regarde et les écoute.
Voilà le défi que nous devons relever ensemble : redonner une sécurité pleine et entière à chacun et chacune. Cela passe par des politiques de long terme à la fois d’éducation, d’insertion, de lutte contre la pauvreté et la précarité, d’accès à des services de proximité essentiels.
À nous ici et maintenant la responsabilité de rendre concrète cette République heureuse. Celle voulue par un Jaurès qui refusait toute forme d’ascétisme et défendait par-dessus tout le progrès social, la vie large. Celle de 1936 et l’accès de toutes et tous aux congés payés. Celle de la libération reprenant avec force le programme des Jours heureux. Celle de 1981 ou encore de 1997. La République est la plus belle des communautés politiques. Une communauté de valeurs et de destin.
La République que nous voulons est celle où personne ne baissera la tête, celle de l’absence de préjugé par rapport à un ou une autre qui n’a pas les mêmes origines, les mêmes croyances, le même âge, la même orientation sexuelle. La République d’une confiance réciproque en un avenir partagé. C’est une vision universelle et vivante de la République fondée sur des valeurs et un projet, pas celle sans cesse réactivée d’une nation mythifiée reposant sur une appartenance à un sol, à une terre ou à des morts.
Marginaux hier, aujourd’hui beaucoup trop nombreux, elles et ils jouent avec le feu, évoquant le bruit et les odeurs ou reprennent la rhétorique de l’extrême droite en parlant d’immigrationnisme.
Le rejet de l’autre n’a jamais annoncé des jours meilleurs. Et pourtant ces jours meilleurs sont possibles.
Cette République heureuse ne pourra toutefois prospérer d’elle-même. Elle repose sur des politiques publiques d’égalité et de solidarité qui doivent être défendues par les partis politiques
Mais aussi par vous, vous qui vous engagez en allant enseigner tous les jours, en répondant à l’urgence de l’aide sociale à l’enfance, en orientant des familles dépourvues de ressources, en soignant, en accompagnant les locataires du parc social, en vous mobilisant dans une association de distribution alimentaire, d’éveil à la citoyenneté, en faisant des cours du soir. Vous êtes. Nous sommes la République heureuse.
Il y a donc deux objectifs à suivre. Le premier, nous l’avons dit, est l’égalité. Mais l’égalité n’est rien sans l’émancipation. Et l’émancipation passe par la revalorisation du travail. Le travail a perdu une partie de sa force émancipatrice et sociale.
Revaloriser le travail dans notre société signifie bien sûr promouvoir une augmentation des revenus, mais également réinterroger la place du travail. Car rappelons-nous que le travail salarié a accompagné le progrès social, réduit les difficultés dans la vie des travailleurs et travailleuses.
L’émancipation, la réalisation de soi suppose aussi des politiques éducatives beaucoup plus puissantes. L’éducation est là pour éveiller, donner les clefs de compréhension du monde contemporain et de ses défis, pour donner à chacun et chacune les outils contre toute forme de domination, d’oppression et d’asservissement. Au cœur de tous les défis économiques écologiques et sociaux figurent l’éducation et sa capacité à valoriser le collectif en renforçant l’apport de chacun et chacune aux transformations de la société.
C’est par l’égalité et par l’émancipation que nous parviendrons à vivre ensemble dans nos quartiers, dans nos bourgs, dans nos centre villes, dans notre pays.
C’est pour cela que nous créons Voix Commune !
Il nous faut une voix commune aux hommes et aux femmes de générations différentes, d’activités sociales et professionnelles distinctes, de territoires et quartiers divers qui veulent œuvrer à la transformation de la société. Il nous faut une voix commune aux familles de gauche et de l’écologie prêtes à agir en responsabilité.
Alors à vous qui avez grandi dans les années 1940 1950 ou encore 1960 qui avez connu l’accession de la gauche au pouvoir, le temps des victoires, de l’aboutissement des mobilisations sociales pour une vie meilleure et plus juste, nous avons besoin de vous pour nous dire que c’est possible mais que le temps des promesses est révolu et que c’est une nouvelle méthode que nous attendons
À vous qui étiez enfants dans les années 1970 et 1980, pour qui la lutte contre l’extrême droite, contre les assassinats de Malik Oussekine, de Brahim Bouraam, contre l’ostracisation ont été les moteurs des votes, des engagements, ne perdez pas les convictions de vos vingt ans. Les valeurs doivent être des repères. Si vous les perdiez, c’est notre République qui en serait affaiblie.
À vous qui avez grandi dans les années 1990 et 2000, vous les premiers à avoir fait de l’environnement le cœur de votre vision du monde, vous qui n’avez quasiment voté que contre, que par défaut, votre moment est venu. Vous qui vous dites que l’engagement associatif vaut bien plus que la politique, ne vous trompez pas, ne laissez pas ceux qui maitrisent le jeu politique vous déposséder de votre parole. Ils ne doivent pas emporter avec eux votre engagement politique.
À vous enfin qui avez vingt ans aujourd’hui, vous êtes tentés de dire « tous ces politiques sont pareils, ils ne sont mus que par leurs propres intérêts », laissez-nous, laissons nous contredire une telle vision. Oui la transition écologique est anxiogène. Oui les défis de vos vingt ans ne sont pas les mêmes que ceux des générations précédentes. Mais oui nous pouvons travailler ensemble à cette République heureuse, à cette cohésion sociale. Vous êtes une génération exceptionnelle. Travaillons toutes et tous pour vous permettre de changer le monde.
À vous toutes et vous tous, nous voulons vous dire qu’il n’est plus possible de retarder l’engagement.
Vous aussi nombreuses et nombreux ce soir, dites autour de vous qu’il faut se mobiliser non pas pour des places mais pour l’action.
Dites autour de vous que ce sont dans les territoires que nous redonnerons à ce pays sa tradition d’accueil, de dynamique, de cohésion sociale à condition d’engager des politiques d’égalité sur plusieurs années.
Dites autour de vous que la gauche reprend le flambeau du progrès social ; la route sera longue, ’il y aura des étapes et surtout une perspective.
Dites autour de vous que nous n’annonçons pas des décennies de sang, de larmes, de restrictions, mais au contraire des mesures de vie large dans une République heureuse.
Dites surtout autour de vous qu’ici à Lyon le 5 septembre 2024 est née Voix Commune grâce à une centaine de femmes et d’hommes mobilisées dans leur activité, leur profession, leur quartier, leurs études, qu’ils et elles ont eu envie de se dépasser. Dites-leur qu’ils et elles rejoignent Jacques, Yady, Eloise, Claire, Foued. Qu’avec Orane, Louise, Khaled, Mohamed, Anne-Marie, , Renaud et d’autres ils et elles veulent être des citoyens et des citoyennes porteurs et porteuses de solutions. Et que désormais cela se fera avec elles et eux.
Vive notre métropole durable, juste, engagée dans une égalité des quartiers et des territoires. Vive notre République heureuse où chacun et chacune peut trouver une communauté de destin. Vive l’engagement de chacun et chacune. Vive Voix Commune !